Lors du conseil municipal de juin 2022, la majorité a souhaité instaurer des amendes conséquentes à destination des colleurs et tagueurs. Considérant que cette délibération allait être approuvée, avec ou sans les voix de l’opposition, nous avons choisi de nous servir de notre vote pour rendre un peu de pouvoir aux Voironnais sur leurs affichages d’expression libre. Les Conseils de Quartier auront, grâce à cela, la mission de revoir le nombre et les emplacements des panneaux d’expression libre. A vous maintenant, de vous saisir du sujet.
Lors du conseil municipal de juin 2022, la majorité a exposé que « l’affichage sauvage, apposé en-dehors des supports et espaces prévus à cet effet, constitue une pollution visuelle et est prescrit par la loi […] », et proposé « d’instaurer un forfait nettoyage pour facturer les frais d’enlèvement des graffitis, tags et affichages sauvages à leurs auteurs ou aux personnes morales dont ils prétendent assurer la promotion » (40€ à 60€ par imprimé, 200€ par tag).
Un problème d’affichage lié à l’actualité… et un problème de fond sur la visibilité.
Les périodes électorales de ce printemps ont saturé les espaces d’affichage prévus et imprévus ; cette pression va vraisemblablement retomber.
Cette communication politique est venue concurrencer l’expression d’autres personnes qui se trouvent concernées par la mesure : des acteurs culturels tels que des festivals, des cirques et des artistes de rue (nous réfutons la désignation de « souillure » ou « pollution » en ce qui concerne le street-art !)…
Ce que la majorité présente comme un problème à éradiquer, nous le voyons comme la manifestation d’un besoin : La visibilité.
Il est vital pour les acteur culturels de faire revenir le public, alors même que les collectivités les soutiennent de moins en moins financièrement.
L’affichage « sauvage » dénoncé peut nous faire comprendre qu’à Voiron, la visibilité est structurellement insuffisante pour les acteurs culturels non institutionnels.
Même les manifestations portées par la ville investissent des supports de communications supplémentaires ! Cubes et affiches sur chevalet se sont déployés pour la promotion du Festival des Cultures du Monde ; et que serait les Fêtes de Chartreuse ou le Festival des Cultures Urbaines s’ils devaient se contenter des affichages d’expression libre ?
Un affichage libre très insuffisant.
La majorité mentionne 14 panneaux d’affichages libres, Voiron Citoyenne en a trouvé 9, peut-être en manque-t-il quelques-uns ? Toujours est-il que des panneaux existants autrefois n’ont pas été remplacés suite à des travaux (à la Brunetière, près de la Médiathèque), et d’autre offrent une visibilité médiocre (à la Maison des associations par exemple).
Aussi, le maillage de ces panneaux semble à réviser. La législation précise qu’ils doivent être disposés de sorte que tout point de l’agglomération se trouve à moins d’un kilomètre d’au moins un d’entre eux.
La culture, ce n’est pas seulement les grandes institutions, les organismes installées, les artistes confirmés. C’est aussi, nécessairement, les petits, les émergents, les artistes de demain.
Mettre sur le même tableau l’expression libre et l’affichage commercial est généralement la stratégie des entreprises publicitaires. Or, l’expression libre a une différence fondamentale, c’est qu’elle est accessible indépendamment des moyens alors que la publicité est accessible en fonction de ses finances.
Y aura-t-il un jour autant de surfaces d’expression libre qu’il y a d’espaces d’affichages commerciaux ?
Par ailleurs, il y a des critères pour accéder aux affichages lumineux municipaux : ce n’est pas un affichage libre, mais un affichage sélectif.
Notre amendement.
Voiron Citoyenne consent à laisser le champ libre à la proposition de participation aux frais de nettoyage, mais nous y mettons nos conditions. Que cette proposition soit modifiée ainsi :
Concernant l’affichage sauvage : » Afin que l’expression libre soit assurée dans les meilleures conditions possibles, l’emplacement des 14 panneaux existants sera revu, en lien avec les représentants des Conseils de Quartier. Et, au besoin, ce nombre sera complété pour respecter la règle du kilomètre de distance maximum entre un panneau et un point de la commune en agglomération. »
Pour les « tags et graffitis » : « une réflexion sera menée avec les associations et les artistes locaux identifiés, dans l’objectif de créer un lieu ouvert, visible et adapté aux pratiques muralistes. »
Une forme de victoire…
Le maire nous informe qu’un tel lieu existe déjà à Voiron. A proximité du nouvel hôpital. « Peut-être n’avons nous pas assez communiqué à ce sujet…» Effectivement ! Nous retirons donc notre second amendement, tout en signalant que nous aurons une attention particulière pour la mise en avant de ce lieu.
Notre premier amendement est, quant à lui, accepté. C’est, en soi, un évènement : C’est la première fois qu’un de nos amendements est accepté depuis le début de la mandature (y compris lorsque ces amendements venaient corriger des dispositions qui nous paraissaient illégales… Notre recours à ce sujet est encore en cours de traitement…)
Mais, nous le savons cette victoire a un prix… Nous avons voté cette délibération modifiée. Et ce prix aura été payé pour rien si vous ne vous saisissez pas du sujet : Votre mobilisation et votre volonté de faire avancer ce dossier en conseil de quartier vont être cruciales. Car l’expression libre, tout comme le street art ou l’éducation populaire ne sont pas des inclinaisons naturelles du groupe politique en responsabilité…
Aussi, rendez-vous en Conseil de Quartier. Relancez la mairie pour leur organisation régulière. Insistez sur le sujet des panneaux d’expression libres. Ainsi que sur tout autre sujet qui vous tient à cœur. Mettez-vous à plusieurs. Exercer le pouvoir ne se fait pas sans peine. Conformément à nos engagements, nous faisons ce que nous pouvons pour que votre place grandisse dans la gestion municipale.
A vous de prendre la main. Nous comptons sur vous.