Voilà plusieurs fois que cela se produit.

Peut-être faites-vous partie de ces personnes.

Je croise des personnes à Voiron qui me disent que maintenant que je suis élu, je n’ai plus à m’en faire financièrement, que j’ai trouvé une “bonne place”, et, en somme, que l’argent doit pleuvoir sur moi…

Soyons direct : Je ne touche rien.

Les élu-e-s de Voiron Citoyenne ne touchent rien.

Tous les élus d’opposition de Voiron ne touchent rien.

Comme en beaucoup d’endroits.

Mais dire cela ne suffit pas. Il est important de dire d’où sort ce “rien”. Car il a une origine. Et je vais vous l’expliquer simplement.

Ce “rien” sort d’une délibération municipale. Il s’agit donc d’un choix politique du pouvoir en place.

En ce qui nous concerne, la grille indemnitaire faisait partie de notre programme. Et quelques grands principes avaient présidé à son élaboration : le poste de maire ne pouvait être indemnisé plus de 2 fois celui du poste d’adjoint. Et tous les membres du conseil devaient percevoir quelque chose.

Si nous devions ré-écrire cette grille, il y aurait aujourd’hui des différences dans les détails mais probablement pas dans les principes. Et cela aurait été possible. Car la loi, en ce qui concerne les indemnités laisse de la latitude.

Les indemnités : Comment ça marche?

Chaque ville se voit attribuer une enveloppe financière. Celle-ci contient une somme composée de l’indemnité maximale du maire et les indemnités maximale du nombre maximal d’adjoints. (ça fait beaucoup de maximaux…) Tous ces maximaux sont fixés par la loi, en fonction du nombre d’habitants de la commune. Il y a donc une limite haute.

A Voiron, il s’agit de 3 500.46 € pour le maire et 1 283.50 € pour chacun des 10 adjoints possibles. Soit 16 335,46 € par mois.

Ce que nous avons découvert avec la pratique, c’est que, de plus, ces sommes peuvent être frappées de majorations, selon les caractéristiques de la ville : Commune centre de canton +25%, commune bénéficiaire de la dotation de solidarité urbaine +15%, commune station touristique +25% (C’est la tentative d’application de cette dernière, en juin dernier, qui a été retoquée par la préfecture pour la municipalité de Voiron. Les 2 premières sont passées).

Libre ensuite à la majorité en place d’appliquer ces majorations ou pas. Et de répartir l’enveloppe globale comme bon lui semble entre les membres du conseil. C’est à dire selon ses propres critères politiques et sa vision du monde.

Les indemnités sont prises sur le budget de la commune. Et, par ailleurs, des frais de déplacement et de représentation sont remboursés aux élus sur d’autres lignes budgétaires.

A Voiron…

Dans une délibération de juin dernier, nous découvrions que Julien Polat ne souhaitait toucher qu’une partie de ses indemnités légales. Agréable surprise… Mais…  Ceci semble, en fait,  à mettre en lien avec le fait que le total des indemnités perceptibles par un élu local sont plafonnées.

Et oui… Le cumul des mandats va avec celui des indemnités…  8.434 €, c’est néanmoins le plafond. Au dessus de ce plafond, l’indemnité qui provoquerait un dépassement serait rabotée et reversée à la collectivité.

Or le maire de Voiron est aussi vice-président du Pays Voironnais (environ 1711 €), conseiller départemental (2661 €, de base, nous ne connaissons pas les majorations éventuelles) et conseiller d’administration du Service Départemental d’Incendie et de Secours (25% de  l’indemnité de conseiller départemental). Avec une indemnité de maire à 3500 € majorée de 25% et de 15%, ça a de quoi faire dépasser le plafond…

Comme évoqué plus haut, depuis juin, il y a eu quelques péripéties mais passons. Vous lirez.

Aujourd’hui, en renonçant à une partie de son indemnité maximum, mais en appliquant à ce qui reste des majorations (vous suivez ? On en enlève mais on en rajoute), le maire de Voiron touche pour cette fonction 3853,38€/mois.

Un adjoint : 1286,54 €. Neuf ont été nommés.

Un conseiller délégué : 357,69 €. Quinze ont été nommés.

Tous les autres conseillers, dont 3 de la majorité et 7 d’opposition : Rien.

10 personnes sur 35. Un petit tiers de votre conseil municipal est bénévole.

Point de vue.

Lorsque j’ai consenti à notre grille d’indemnités, dans notre programme, il y avait derrière ce consentement une certaine idée du conseil municipal.

Celle qu’une ville de 20 000 habitants, avec un budget de plusieurs dizaines de millions d’euros gagne à être gérée en répartissant autant que possible les responsabilités.

Responsabilités qui demandent une forte implication.

Implication qui demande de la disponibilité.

Or la disponibilité a un prix.

Ce prix c’est, par exemple, le non-cumul des mandats. Qui, s’il est inévitable, voire souhaitable, entre certains mandats communaux et intercommunaux, assure la disponibilité et réduit les conflits d’intérêt.

Ce prix, c’est aussi le rognage de nos disponibilités familiales ou professionnelles, avec des conséquences variées en terme de qualité de vie ou de carrière.

Ce prix est, enfin et donc, financier.

Je ne peux pas imaginer que des conseillers municipaux puissent être élus dans la majorité, sans avoir une responsabilité qui justifie une indemnité.

Tout comme je ne comprends pas qu’on puisse concevoir les groupes minoritaires comme dénués d’une telle responsabilité.

Je ne doute pas que, lorsque Julien Polat sera dans l’opposition, il sera un opposant de qualité, comme nous tâchons de l’être. Nous mobilisons une équipe, cherchons en détail, pointons les incohérences, les zones d’ombres, les choix implicites. Explicitant lorsque c’est utile et nécessaire. En se mettant à la portée de nos concitoyens. Impliqués. Responsables.

Disant, bien sûr, souvent, des choses qui ne font pas plaisir à entendre.

Mais des choses qui élargissent le panorama. Des choses qui font l’information des voironnais et des choses qui font des voironnais informés.

On ne peut pas seulement compter sur les tenants d’un pouvoir en place pour éclairer les agissements de ce pouvoir. Ou pour mettre la lumière sur d’autres chemins que celui qu’il choisit, et qui existent pourtant.

Cet éclairage est une responsabilité. Et nous avons à l’assumer pour les personnes qui se sont exprimées en notre faveur, comme pour les autres.

Il en va de la qualité de la gestion de la ville et du vivre-ensemble dans cette ville.

C’est de la “démagogie”, disait récemment le premier adjoint.

Non monsieur.

C’est de la démocratie.

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