A la demande de la mairie, une prime aux agents dépendra de « l’engagement » et d’autres critères subjectifs. Un dispositif défini par des volontaires, sans les syndicats représentant le personnel et pouvant pénaliser les agents les plus précaires…
La mairie conditionne la moitié d’une prime à une évaluation de « l’engagement. »
En novembre 2019, la mairie et le CCAS ont mis en place un RIFSEEP (Régime Indemnitaire tenant compte des Fonctions, des Sujétions, de l’Expertise et de l’Engagement Professionnel) au bénéfice des agents de la commune.
Une de ses parties, le CIA (Complément Indemnitaire Annuel), est versée annuellement. Elle est conditionnée par l’atteinte d’un objectif individuel annuel, évalué lors de l’entretien professionnel. Une enveloppe de 40 000€ avait été allouée en février 2022 à l’extension du CIA, lors de l’accord sur les 1607h. Un groupe de travail composé d’agents volontaires a travaillé sur le sujet.
La mairie souhaite intégrer une évaluation de l’engagement professionnel des agents. On notera de 1 à 3 « implication », « esprit d’équipe », « prise d’initiative », « disponibilité et adaptabilité », et « participation à la vie du service et de la collectivité ». Les points ainsi obtenus débloquent 0, 50 ou 100€ de CIA. De la même manière l’atteinte de l’objectif individuel ouvre à 0, 50 ou 100€ de CIA. Les agents recrutés après le mois de juillet ont un CIA nul, ceux ayant été absent 6 mois ou plus touchent une part « engagement » fixe de 50€.
Un dispositif flou qui risque de pénaliser certains agents.
Notre première réaction est de féliciter les agents, qui ont réalisé l’ensemble des entretiens annuels. Ce sont des moments importants et privilégiés de dialogue avec le supérieur hiérarchique.
Par contre, nous déplorons que les syndicats n’aient pas été présents dans le groupe de travail pour définir les critères d’évaluation. Ils représentent légalement le personnel, et ils peuvent apporter un recul et une expérience bienvenus typiquement dans ce genre de discussion.
Aussi, les critères dégagés nous semblent trop subjectifs, et mal adaptés à certaines situations. Par exemple, « disponibilité et adaptativité » peuvent être très conditionnées par la situation personnelle, indépendamment de l’engagement (Pensons aux femmes seules avec enfants, par exemple). Comment attendre un « esprit d’équipe » quand on met les agents en compétition pour mieux servir ?
Nous craignons que ce soient encore les plus bas salaires qui soient pénalisés dans ce dispositif. Ce sont pourtant les plus précaires pour qui 100 ou 200€ annuels sont précieux.
Nous voyons dans tout cela une nouvelle manifestation de l’état d’esprit de la majorité municipale, qui néglige les autres représentants élus. Elle pousse dans ses équipes un management doté de moyens de pression, et néglige l’impact de ses choix sur les moins favorisés.