Les échanges sur la thématique, a priori anodine, du budget alloué aux parkings ont pris de l’ampleur lors du Conseil Municipal de mars. Et pour cause ! La problématique des déficits concerne aussi bien le fonctionnement que les investissements. Elle renvoie à des visions profondément différentes de la place de la voiture en ville, et, de manière plus générale, à l’articulation future des différentes mobilités au sein de notre territoire.

Nous vous invitons à écouter la retransmission du Conseil Municipal. (A partir de 1:51:00)

Ou, si vous souhaitez lire une retranscription écrite et détaillée des échanges sur ce sujet à lire l’article qui s’y rapporte.(Plus rapide à lire qu’à visionner en vidéo.)

Afin d’éviter toutes insinuations ou remarques nébuleuses, il nous apparaît essentiel de réaffirmer notre position sur ce sujet central que représente le défi des mobilités de demain, et en particulier la place de la voiture en ville. Le sujet étant large, nous ferons un dossier plus approfondi pour vous présenter nos propositions et notre vision pour le Voiron des décennies à venir. Car il s’agit bien de prendre des décisions qui impacteront notre Ville pour plusieurs dizaines d’années : le déploiement des mobilités requiert des investissements lourds d’une part, et les infrastructures nécessaires représentent des constructions inscrites dans une durée de vie très longue. Également, il s’agit d’un véritable enjeu dans la transition de notre ville vers un fonctionnement plus durable et sobre. D’où l’importance de ce sujet !

Dans cet article, nous vous donnons quelques clés d’analyse afin de mieux comprendre la situation actuelle et les enjeux futurs pour notre Ville lorsqu’on parle de transports. Les faits montrent qu’il existe de nombreuses idées reçues qui, dans le monde d’aujourd’hui, n’ont plus raison d’être.

La question de la place de la voiture doit s’inscrire dans une réflexion plus large, qui nécessite une vision d’ensemble de la Ville

Les discussions autour de la circulation routière dans Voiron et du nombre de stationnements nécessaires animent notre Ville depuis de nombreuses années. Et ce à juste titre, car les modes de transport quels qu’ils soient : voiture, transports en commun, modes doux (vélo, marche…) façonnent le visage et l’organisation de notre ville. Plusieurs questions se posent : quelles infrastructures développer (routes, trottoirs, parkings, pistes cyclables, voies de bus…) ? Et pour relier et desservir quels lieux (quartiers spécifiques, accessibilité des commerces, « ouverture » de la ville à l’extérieur…) ? Les mobilités sont un des outils indispensables pour aménager notre territoire. La question du développement de certaines infrastructures est indissociable d’un projet urbain d’ensemble pour la ville : quels sont les quartiers que l’on souhaite densifier ou développer ? Quelles sont en conséquence les dessertes à prioriser ? Aujourd’hui, force est de constater que cette vision « d’ensemble » pour le Voiron de demain ne nous a pas été présentée : quid du site de l’ancien hôpital ? Un réaménagement complet rue Grande, mais dans quelle logique exactement ? Comment concilier urbanisation et mobilité, quand on supprime les dessertes de bus au Belvédère ?

Parler uniquement de nombre de places de stationnement, sans évoquer les tenants et aboutissants de la démarche, n’a ainsi pas beaucoup de sens. La vraie question, s’il l’on veut assurer une cohérence dans l’aménagement de la ville, est de savoir : où veut-on des places de parking ? Pour qui, et pour quel usage ? Y a-t-il d’autres solutions plus adaptées ?

L’organisation des mobilités d’aujourd’hui : un héritage du passé… qui doit se tourner vers l’avenir

L’aménagement actuel de nos villes est une réponse à des besoins d’une époque révolue : étalement de l’urbanisation, essor des moyens de transport individuels comme la voiture, dans un contexte où le carburant était peu cher et les temps de trajet encore courts et sans embouteillage… La ville s’articule autour de grands axes routiers/ autoroutiers, qui convergent vers le centre-ville, où les espaces de vie centraux sont remplacés par des parkings, tandis que les habitants « migrent » vers des maisons à la campagne. Progressivement, les politiques d’aménagement ont laissé place au « tout voiture »., avec le rituel quotidien du fameux trajet « domicile-travail » toujours plus long… Or, nos modes de vie et nos besoins de déplacement ont beaucoup évolué, et les besoins d’aujourd’hui ne sont pas nécessairement ceux d’hier.

Ainsi, saviez-vous qu’au sein du Pays Voironnais, 50 % des déplacements journaliers effectués font moins de 3 km ? Une distance courte pour laquelle d’autres modes de déplacement que la voiture sont facilement envisageables – et souvent moins onéreux !- : bus, ou pour toute personne en bonne santé, marche ou vélo/ vélo électrique… En voiture, le covoiturage est aussi une option intéressante et conviviale.

Le « tout » voiture n’est plus une solution. Ni pour les voironnais et voironnaises, ni pour nos voisins du pays voironnais, qui « subissent » davantage qu’ils ne choisissent les trajets en voiture pour se rendre dans les commerces et services de notre ville-centre. Or, le développement des mobilités -tous types de transport confondus- est un choix éminemment politique. Il n’est pas vrai de dire que diminuer la place de la voiture, c’est  « emprisonner » les habitants dans un système qui les empêche de se déplacer. Au contraire. Le « tout » voiture a montré ses limites : bouchons, stationnement, pollution de l’air et sonore, facture de carburant grandissante pour les ménages… Nos habitants se retrouvent enfermés (souvent malgré eux) dans un mode de transport peu vertueux. Souvent sans autre solution de déplacement, même si les distances à parcourir sont courtes :  l’état de nos trottoirs ne facilite pas toujours les déplacements à pied, les déplacements en vélo sont pour le moment très limités par le manque d’espace qui leur est réservé sur la voirie.

Le fait de simplement permettre de nouvelles formes de mobilité, par un réaménagement de la voirie (chemins piétons sécurisés et voies cyclables continues) ou par la mise en place de services de transports peu coûteux (par ex. des attaches pour vélos, places réservées pour l’autopartage), peut avoir des effets particulièrement bénéfiques pour les quartiers équipés. C’est à la Municipalité de faire des propositions ambitieuses pour mieux répartir l’utilisation de l’espace entre les différents types de transport existants. Afin que chacun puisse vivre dans un quartier bien desservi, et faire le choix de « sa » mobilité.

En parallèle, la question de la mobilité doit engager une réflexion au niveau du Pays Voironnais pour proposer des solutions acceptables à tous les non-voironnais qui viennent à Voiron et font vivre notre ville. : bus, covoiturage, mise en place de P+R en périphérie avec navettes ou relais vélos

Soyons clairs : il ne s’agit pas d’éliminer du jour au lendemain la voiture

C’est impossible et d’ailleurs non souhaitable!  Il y aura toujours des utilisations individuelles pour lesquelles la voiture représente l’unique solution de déplacement possible.  Notre réflexion s’oriente avant tout vers l’ensemble des voironnais et voironnaises, pour que, ensemble, nous puissions leur offrir une alternative crédible. Les modes de vie évoluent, et 21% des ménages voironnais déclarent déjà ne plus avoir de voiture, un foyer sur cinq !

La transition vers des mobilités plus propres

Face à l’évolution de nos façons de vivre et au défi du changement climatique, nous devons repenser et adapter l’aménagement de nos territoires. Les mobilités sont un pan incontournable pour réorganiser la ville de demain dans le respect de notre environnement et les vieux “schémas” hérités du passé ne sont plus adaptés aux enjeux actuels.

Nous voulons nous assurer d’une transition vers une société plus durable. Donc nous soutenons fermement que la place de la voiture doit être réduite progressivement. Or, afin que ce changement soit aussi progressif que possible, il nous semble incontournable que les municipalités et intercommunalités anticipent activement cet avenir. En favorisant dès aujourd’hui les intermodalités, c’est à dire en favorisant les connexions entre différents modes de transport (par exemple, marche puis train ou bus).

  • Pour cela, il est essentiel de soutenir l’essor de mobilités autres que la voiture : développement des transport en commun  performants et à un tarif accessible, développement du co-voiturage, des pistes cyclables et voies piétonnes. Cela passera par la planification d’investissements ambitieux et la sensibilisation des citoyens afin de les accompagner dans le changement de leurs habitudes.
  • Des nouvelles pratiques comme le covoiturage et l’autopartage permettent également de baisser le nombre de véhicules circulant et stationnant.

En résumé

Hausse des alternatives proposées à la voiture + Utilisation optimisée des voitures (plus de personnes dans une voiture) = Moins de voitures en ville… Et donc mathématiquement, un besoin sur le long-terme en nombre de places de parking dans notre ville qui diminue!

Par ricochet, il est clair que les investissements en parkings pourront à l’avenir être réduits, et seront idéalement redirigés vers les autres moyens de transport.

Economisons ou investissons intelligemment pour le futur et pour notre planète !

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